20 sept. 2017

Lumière sur...

AU FOND DE L'EAU - PAULA HAWKINS
456 pages
Parution : le 08-06-2017

Résumé:
A Beckford, petit village anglais où elle passait ses vacances d'enfant avant de s'y installer ces dernières années, Danielle Abott, « Nel », belle photographe reconnue, écrivain et très bonne nageuse, est retrouvée morte au fond de la rivière. Ses blessures semblent être le résultat d'une chute du haut de la falaise, mais sa fille Lena, quinze ans, dont la meilleure amie, Katie, est aussi morte dans la rivière quelques mois plus tôt, pense que Nel a agi de propos délibéré. Elle était obsédée par le « Bassin aux noyées » où, au fil des années et des siècles, poursuivies par une malédiction, tant de femmes avaient péri. Nel écrivait un livre sur le Bassin et sur le « suicide » de Katie, ce dont beaucoup de villageois s'offusquaient. Jules, la soeur cadette de Nel avec qui elle était brouillée, arrive de Londres malgré le serment qu'elle s'était fait de ne jamais revenir sur les lieux de son enfance, et tente d'apprivoiser une Lena rétive. Dans son désarroi et son vain désir de reprendre le dialogue avec Nel, Jules laisse errer sa pensée vers une terrible après-midi d'été, vingt-deux ans plus tôt, en 1993...

Ça commence comme ça...
2015. Jules
Tu voulais me dire quelque chose, c’est ça ? Qu’est-ce que tu essayais de me dire? J’ai l’impression d’avoir dérivé loin de cette conversation il y a si longtemps. J’ai arrêté de me concentrer, j’ai pensé à autre chose, j’ai continué d’avancer, je n’écoutais plus, et j’ai perdu le fil. Ça y est, tu as toute mon attention à présent. Pourtant, je n’arrive pas à m’empêcher de penser que je suis passée à côté de l’essentiel. Quand ils sont venus m’annoncer la nouvelle, ça m’a mise en colère. J’ai d’abord été soulagée, parce que quand deux policiers se présentent à la porte au moment où on cherche son billet de train juste avant de filer au travail, on craint le pire. J’ai eu peur pour les gens auxquels je tiens – mes amis, mon ex, mes collègues. Mais ce n’était pas eux, m’ont-ils dit, c’était toi. Alors j’ai été soulagée, juste un instant, puis ils m’ont expliqué ce qui s’était passé, ce que tu avais fait, et quand ils m’ont dit que tu étais allée dans l’eau, ça m’a rendue furieuse. Et ça m’a fait peur. J’ai cherché ce que j’allais pouvoir te dire en arrivant, je savais que tu avais fait ça exprès pour me faire du mal, pour me contra- rier, pour m’effrayer, pour bouleverser ma vie. Pour attirer mon attention, pour me forcer à revenir. Alors bravo, Nel, tu as réussi : me voilà de retour dans cet endroit que je ne voulais plus jamais revoir, sommée de m’occuper de ta fille, et de remettre de l’ordre dans tout ton bordel.  

Lundi 10 août. Josh
Quelque chose m’a réveillé. Je me suis levé pour aller aux toilettes et j’ai remarqué que la porte de Papa et Maman était ouverte. Maman n’était pas dans le lit. Papa ronflait, comme d’habitude. Sur la table de nuit, le radio- réveil indiquait 4h08. Je me suis dit que Maman devait être en bas – elle a du mal à dormir, maintenant. Papa aussi, d’ailleurs, mais il prend des somnifères tellement forts que même si on se mettait à côté du lit et qu’on lui criait dans l’oreille, ça ne le réveillerait pas. Je suis descendu sans faire de bruit parce que souvent, elle allume la télé sur la chaîne qui présente des machines pour vous aider à perdre du poids, nettoyer le sol à votre place ou couper les légumes de plein de façons différentes, et elle s’endort devant. Mais la télé était éteinte et Maman n’était pas sur le canapé. Je me suis dit qu’elle était sûrement sortie. Ça lui est déjà arrivé plusieurs fois, à ce que je sais. Après, je ne peux pas surveiller en permanence les allées et venues de chacun. La première fois, elle m’a dit qu’elle était juste partie marcher, prendre un peu l’air, mais un autre matin, quand je me suis réveillé et qu’elle était sortie, j’ai regardé par la fenêtre et j’ai vu que sa voiture n’était pas devant la maison, là où elle la gare toujours. À mon avis, elle va se promener du côté de la rivière, ou alors elle va sur la tombe de Katie. Moi aussi ça m’arrive d’y aller, mais pas au milieu de la nuit. J’aurais trop peur, dans le noir, et puis ce serait bizarre parce que c’est justement ce qu’a fait Katie : elle s’est levée au milieu de la nuit, elle est allée à la rivière et elle n’est jamais revenue. Mais je comprends : c’est la seule manière qu’a Maman de se sentir proche de Katie, main- tenant. Ça et s’asseoir dans sa chambre, ce qui lui arrive aussi, parfois. Je le sais parce que la chambre de Katie est juste à côté de la mienne, et que je peux entendre Maman pleurer à travers le mur. Je me suis assis sur le canapé pour l’attendre, mais j’ai dû m’endormir, parce que quand j’ai entendu la porte d’entrée, il faisait jour et l’horloge de la cheminée indiquait sept heures et quart. J’ai entendu Maman fermer la porte derrière elle puis se précipiter à l’étage. Je l’ai suivie. Je me suis approché de la porte de leur chambre et j’ai regardé par l’interstice. Maman était à genoux près du lit, du côté de Papa, et elle était toute rouge, comme si elle avait couru. Elle respirait très vite et elle disait : « Alec, réveille-toi ! Réveille-toi ! » Et elle le secouait. «Nel Abbott est morte. Ils l’ont retrouvée dans l’eau. Elle a sauté. » Je ne me souviens pas avoir dit quoi que ce soit, mais j’ai dû faire du bruit, parce qu’elle s’est tournée vers moi et qu’elle s’est tout de suite relevée. « Oh, Josh ! elle a dit en s’approchant de moi. Oh, Josh ! » Elle avait des larmes qui lui coulaient sur les joues et elle m’a serré fort dans ses bras. Quand j’ai pu me dégager, elle pleurait toujours, mais elle souriait aussi. « Oh, mon chéri! », elle a dit. Papa s’est assis dans le lit en se frottant les yeux. Tous les matins, il lui faut une éternité pour se réveiller complètement. «Je ne comprends pas, il a bafouillé. Quand est-ce que... tu veux dire, cette nuit ? Comment tu sais ? – Je suis sortie acheter du lait. Tout le monde en parlait... à l’épicerie. Ils l’ont retrouvée ce matin. » Elle s’est assise sur le lit et s’est remise à pleurer. Papa l’a prise dans ses bras mais c’était moi qu’il regardait, avec sur le visage une expression étrange. « Où est-ce que tu es allée ? j’ai demandé. Tu étais où ? – À l’épicerie, Josh. Je viens de le dire.» Tu mens, j’aurais voulu répondre. Tu es partie pendant des heures, tu n’es pas seulement sortie acheter du lait. J’aurais voulu répondre cela, mais je ne l’ai pas fait, parce que mes parents se regardaient et qu’ils avaient l’air heureux.  

Mardi 11 août. Jules
Je me souviens. À l’arrière du camping-car, des oreillers entassés entre nous pour marquer la limite entre ton ter- ritoire et le mien, en route pour passer l’été à Beckford, toi fiévreuse et surexcitée, impatiente d’arriver, et moi livide, me retenant de vomir – le mal des transports. Je ne me suis pas seulement souvenue, je l’ai senti. J’ai ressenti la même nausée cet après-midi, recroquevillée au-dessus de mon volant comme une vieille dame, à conduire n’importe comment, trop vite, à couper les virages, à freiner trop brutalement, à me ranger précipitamment en apercevant des voitures en face. J’ai éprouvé un sentiment qui ne m’était pas inconnu : chaque fois qu’apparaissait une camionnette fonçant vers moi sur une petite route de campagne, je me disais, Je vais faire un écart, je vais le faire, je vais foncer droit sur elle. Ce n’était pas que j’en avais envie, mais plutôt que je m’y sentais obligée, comme si au dernier moment, j’allais perdre mon libre arbitre. C’est la même sensation quand on se tient au bord d’une falaise ou du quai d’une gare et qu’on se sent poussé par une main invisible. Et si ? Et si je faisais juste un pas de plus ? Et si je tournais juste un peu le volant ? (Pas si différentes, toi et moi, après tout.) Ce qui m’a frappée, c’est de me souvenir si bien. Trop bien. Comment se fait-il que je puisse me remémorer aussi clairement des choses qui me sont arrivées quand j’avais huit ans, alors qu’il m’est impossible de savoir si j’ai bien demandé à mes collègues de déplacer une évaluation client à la semaine prochaine ? Ce que je voudrais retrouver m’échappe, et ce que j’essaie tant d’oublier me revient sans cesse. Plus j’approchais de Beckford, plus c’était criant; le passé surgissait devant moi, inattendu et tenace, comme une nuée de moineaux s’envolant d’un buisson. Cette nature luxuriante – ce vert incroyable et le jaune vif, acide, des ajoncs sur la colline – a presque brûlé mes rétines et a fait défiler dans ma tête une bobine de souvenirs : à quatre ou cinq ans, Papa qui m’emmène dans l’eau, moi qui me débats en poussant des cris de ravissement, toi qui sautes depuis les rochers dans la rivière et qui escalades plus haut chaque fois. Les pique-niques sur la rive sablonneuse du bassin, le goût de la crème solaire sur ma langue; les gros poissons marron que j’attrapais dans l’eau stagnante et boueuse en aval du moulin. Toi qui rentres à la maison, un filet de sang sur la jambe après avoir mal jaugé un plongeon, et qui mords dans une serviette de table pendant que Papa nettoie ta coupure parce que tu te refuses à pleurer. Tu te refusais à pleurer devant moi. Maman, dans une robe d’été bleu clair, pieds nus dans la cuisine, qui prépare du porridge pour le petit-déjeuner, la plante des pieds cou- leur rouille foncée. Papa, assis sur la berge, en train de dessiner. Plus tard, plus grandes, toi avec un short en jean et ton haut de maillot de bain sous ton t-shirt, qui fait le mur un soir pour aller retrouver un garçon. Pas n’importe lequel : LE garçon. Maman, plus maigre et plus frêle, endormie dans le fauteuil du salon; Papa qui disparaît pour de longues promenades avec la femme du pasteur, cette dame ronde et pâle, toujours coiffée d’un chapeau. Je me souviens d’une partie de foot. Les chauds rayons du soleil sur l’eau, tous les regards braqués sur moi ; les larmes ravalées, le sang sur ma cuisse, les rires qui résonnent dans mes oreilles – je les entends encore. Et en fond, le clapotis de la rivière. Mon esprit était tellement accaparé par l’eau, par la rivière, que je ne me suis même pas rendu compte que j’étais arrivée. J’étais là, au cœur du village, mais c’était comme si j’avais fermé les yeux et qu’on m’y avait transportée par enchantement, et voilà que je roulais lentement dans des rues étroites entre des rangées de 4X4, un flou de pierre rose en périphérie de ma vision. Je me suis approchée de l’église, puis du vieux pont – méfiance, à présent. J’ai gardé les yeux sur le bitume devant moi en m’efforçant de ne pas regarder les arbres ni la rivière. Mais je n’ai pas pu m’en empêcher. Je me suis garée sur le bord de la route et j’ai coupé le moteur. J’ai levé les yeux. J’ai retrouvé les arbres, j’ai retrouvé les marches en pierre recouvertes de mousse verte que la pluie rendait toujours horriblement glissantes. J’ai eu la chair de poule. Je me suis souvenue de ceci : la pluie glacée frappant la route, les gyrophares bleus disputant aux éclairs le droit d’illuminer la rivière et le ciel, de petits nuages de vapeur devant des visages paniqués, et un petit garçon, pâle comme la mort, tremblant, qu’une policière aidait à gravir les marches. Elle lui agrippait la main, ses yeux angoissés grand ouverts, et tournait la tête dans tous les sens en appelant quelqu’un. Je ressens encore ce que j’ai ressenti cette nuit-là, un mélange de terreur et de fascination. J’entends encore tes mots dans ma tête : Qu’est-ce que ça fait ? Tu imagines, voir ta mère mourir ? J’ai détourné le regard. J’ai redémarré la voiture et je suis repartie, j’ai traversé le pont, retrouvé les lacets de la route. J’ai guetté le virage – le premier sur la gauche? Non, pas celui-là, le deuxième. Et il est apparu, ce mastodonte de pierre brune, le Vieux Moulin. Un picotement a parcouru ma peau, froide et moite, mon cœur s’est mis à battre dangereusement vite, j’ai passé la grille ouverte et je me suis engagée dans l’allée. Un homme attendait, concentré sur son téléphone. Un policier en uniforme. Il s’est approché d’un pas rapide et j’ai baissé la vitre. «Je suis Jules, ai-je dit. Jules Abbott. Je suis... sa sœur. – Oh... Oui, bien sûr, oui. » L’air gêné, il a lancé un regard vers la maison. « Écoutez, il n’y a personne pour l’instant. La fille... votre nièce, elle est sortie. Je ne sais pas où. »
Il a attrapé la radio à sa ceinture. Je suis sortie de la voiture. « Je peux entrer ? » J’ai regardé la fenêtre ouverte, celle de ton ancienne chambre. Je pouvais encore te voir assise sur le rebord, les pieds pendant dans le vide. Ça m’a donné le vertige. Le policier a hésité. Il s’est détourné pour parler à voix basse dans sa radio avant de revenir vers moi. « Oui, c’est bon. » J’ai monté les marches, presque aveugle, mais j’entendais le bruit de l’eau et je sentais l’odeur de l’humus, de la terre à l’ombre de la maison, sous les arbres, là où les rayons du soleil ne pénètrent jamais, la puanteur âcre des feuilles qui pourrissent, et cette odeur m’a ramenée dans le passé. Quand j’ai poussé la porte d’entrée, je m’attendais presque à entendre la voix de ma mère m’appeler depuis la cuisine. Sans même y penser, j’ai su que je devais mettre un coup de hanche dans la porte au moment où elle frottait par terre. J’ai fait quelques pas dans l’entrée et j’ai refermé derrière moi, laissant mes yeux s’habituer aux ténèbres, frissonnant sous l’effet du froid soudain. Dans la cuisine, on avait installé une table en chêne sous la fenêtre. La même qu’avant ? Elle lui ressemblait mais ce n’était pas possible, la maison avait changé de propriétaires un trop grand nombre de fois entre-temps. J’aurais pu m’en assurer en allant dessous à quatre pattes pour chercher les marques que toi et moi y avions gravées, mais mon cœur s’est emballé au simple fait d’y penser. Je me souviens comme elle captait le soleil le matin et que, si on s’asseyait côté gauche, face à la cuisinière, on pouvait regarder le vieux pont, parfaitement encadré par la fenêtre. La vue était si belle que tout le monde en faisait la remarque, mais ces gens ne voyaient rien. Personne n’ouvrait la fenêtre pour se pencher et regarder la roue qui pourrissait sur son socle, personne ne voyait au-delà des rayons du soleil qui jouaient avec la surface de la rivière, personne ne percevait ce qu’était en vérité cette eau verdâtre et noirâtre, emplie de créatures plus ou moins vivantes. Sortir de la cuisine, pénétrer dans le couloir, passer devant les escaliers, s’enfoncer plus loin dans la maison. Je suis tombée sur elle si soudainement que j’en ai été désarçonnée : l’énorme fenêtre du salon qui donnait sur la rivière – dans la rivière, presque, comme s’il suffisait de l’ouvrir pour que l’eau envahisse la pièce, submergeant la banquette qui courait sous la vitre. Je me souviens. Tous les étés, Maman et moi assises sur cette banquette, les pieds sur des coussins, nos orteils qui se touchaient presque, un livre sur les genoux. Une assiette de gâteaux quelque part, mais elle n’y touchait jamais. J’ai dû détourner les yeux; ça me brisait le cœur, de revoir cette fenêtre. On avait enlevé le plâtre des murs pour retrouver la brique en dessous, et la décoration, c’était toi tout craché : des tapis persans au sol, de lourds meubles en ébène, des gros canapés et des fauteuils en cuir, beaucoup trop de bougies. Et, partout, des témoignages de ton obsession : de grandes reproductions encadrées, l’Ophélie de Millais, belle et sereine, les yeux et la bouche ouverts, des fleurs serrées dans sa main. Hécate de Blake, le Sabbat des sorcières de Goya, son Chien – c’est lui qui me fait le plus horreur, ce pauvre animal qui peine à garder la tête hors de l’eau. J’ai entendu sonner un téléphone, et ça semblait venir de sous la maison. Pour suivre le bruit, j’ai traversé le salon et descendu quelques marches – je crois qu’il y avait là un débarras, avant, plein de bric-à-brac. Il avait été inondé une année et tout s’était retrouvé couvert de vase, comme si la maison faisait désormais partie intégrante de la rivière. C’était ton bureau, à présent, avec ton matériel de photogra- phie, des écrans, des projecteurs et des tables lumineuses, une imprimante, des papiers, des livres et des dossiers entassés par terre, des meubles à tiroirs alignés contre le mur. Et des photos, bien sûr. Les tiennes, recouvrant chaque centimètre carré de plâtre. Un œil amateur aurait pu croire que tu étais fan des ponts : le Golden Gate, le grand pont de Nankin sur le Yangtsé, le viaduc du prince Édouard. Mais il faut y regarder à deux fois. Ce n’est pas le pont, le sujet; ce n’est pas une fascination pour ces chefs d’œuvre du génie civil. Si on regarde de plus près, on comprend qu’il n’y a pas que des ponts, il y a aussi les falaises du cap Béveziers, la forêt d’Aokigahara, Preikestolen. Les endroits où vont les désespérés pour en finir. Des cathédrales de désolation. En face de l’entrée, des images du bassin aux noyées. Encore et encore et encore, sous tous les points de vue imaginables, sous tous les angles : pâle et glacé en hiver devant l’austère falaise noire, ou étincelant l’été, luxuriante oasis de verdure, ou morne, couleur gris silex sous des nuages orageux, encore et encore et encore. Les images se fondaient les unes dans les autres en un tourbillon visuel écœurant. J’ai eu l’impression d’y être réellement, à cet endroit, comme si je me tenais en haut de la falaise, à regarder au fond de l’eau, prise de ce terrible frisson, la tentation du néant.

Auteur:
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Paula Hawkins est une écrivaine britannique. Son roman La Fille du train (The Girl on the Train, 2015), un thriller abordant la violence domestique et l'alcoolisme féminin, a été un phénomène en librairie et s'est vendu à 11 millions d'exemplaires à travers le monde.

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