Chroniques coup de coeur


28 déc. 2015

Les sorties littéraires du 28 décembre au 03 janvier 2015

"Le seul moyen de se délivrer de la tentation, c'est d'y céder" (Oscar Wilde)
BONNES LECTURES !!!

L'ivresse ne s'improvise pas. Elle relève de l'art, qui exige don et souci. Boire au hasard ne mène nulle part.
Si la première cuite est si souvent miraculeuse, c'est uniquement grâce à la fameuse chance du débutant : par définition, elle ne se reproduira pas.
Pendant des années, j'ai bu comme tout le monde, au gré des soirées, des choses plus ou moins fortes, dans l'espoir d'atteindre la griserie qui aurait rendu l'existence acceptable : la gueule de bois a été mon principal résultat. Je n'ai pourtant jamais cessé de soupçonner qu'il y avait un meilleur parti à tirer de cette quête.
Mon tempérament expérimental a pris le dessus. À l'exemple des chamans amazoniens qui s'infligent des diètes cruelles avant de mâchouiller une plante inconnue dans le but d'en découvrir les pouvoirs, j'ai eu recours à la technique d'investigation la plus vieille du monde : j'ai jeûné. L'ascèse est un moyen instinctif de créer en soi le vide indispensable à la découverte scientifique.
Rien ne me désole plus que ces gens qui, au moment de goûter un grand vin, exigent de «manger un truc» : c'est une insulte à la nourriture et plus encore à la boisson. «Sinon, je deviens pompette», bredouillent-ils, aggravant leur cas. J'ai envie de leur suggérer d'éviter de regarder de jolies filles : ils risqueraient d'être charmés.
Boire en voulant éviter l'ivresse est aussi déshonorant que d'écouter de la musique sacrée en se protégeant contre le sentiment du sublime.
Donc, j'ai jeûné. Et j'ai rompu le jeûne avec un veuve-clicquot. L'idée était de commencer par un bon Champagne, la Veuve ne constituait pas un mauvais choix.
Pourquoi du Champagne ? Parce que son ivresse ne ressemble à nulle autre. Chaque alcool possède une force de frappe particulière ; le Champagne est l'un des seuls à ne pas susciter de métaphore grossière. Il élève l'âme vers ce que dut être la condition de gentilhomme à l'époque où ce beau mot avait du sens. Il rend gracieux, à la fois léger et profond, désintéressé, il exalte l'amour et confère de l'élégance à la perte de celui-ci. Pour ces motifs, j'avais pensé qu'on pouvait tirer de cet élixir un parti encore meilleur.
Dès la première gorgée, j'ai su que j'avais raison : jamais le Champagne n'avait été à ce point exquis. Les trente-six heures de jeûne avaient affûté mes papilles gustatives qui décelaient les moindres saveurs de l'alliage et tressaillaient d'une volupté neuve, d'abord virtuose, bientôt brillante, enfin transie.
J'ai continué courageusement à boire et, à mesure que je vidais la bouteille, j'ai senti que l'expérience changeait de nature : ce que j'atteignais méritait moins le nom d'ivresse que ce que l'on appelle, dans la pompe scientifique d'aujourd'hui, un «état augmenté de conscience». Un chaman aurait qualifié cela de transe, un toxicomane aurait parlé de trip. J'ai commencé à avoir des visions.

Couverture de La gaieté
« C’est le paradis, c’est mon paradis, je ne sais plus rien de la politique, des livres qui paraissent, des films, des projets de Pablo, de l’autre vie, la leur, c’est comme un jeûne, une ascèse puéricultrice, c’est comme si j’avais été opérée de ma vie d’avant, je ne sais pas si ça reviendra, je ne sais même pas si je le souhaite, j’adore cette nouvelle vie de mère de famille un peu débile mais résignée, les jours cousus les uns aux autres par l’habitude et la routine, je me voue tout entière à mes enfants, je les tiens fort dans mes bras, je les tiens fort par la main, et bien sûr qu’eux aussi me tiennent et qu’ils m’empêchent de tomber, de vriller, bien sûr qu’eux aussi me rassurent, me comblent, me protègent et me procurent cette joie bizarre, assez proche de la tristesse peut-être, parce que je vois bien que ce n’est plus seulement de l’amour, ça, au fond, c’est de l’anéantissement. »

Couverture de Le bonheur national brut
Le 10 mai 1981, la France bascule à gauche.
Pour Paul, Rodolphe, Benoît et Tanguy, dix-huit ans à peine, tous les espoirs sont permis.
Trente et un ans plus tard, que reste-t-il de leurs rêves, au moment où le visage de François Hollande s’affiche sur les écrans de télévision ?
Le bonheur national brut dresse, à travers le destin croisé de quatre amis d’enfance, la fresque sociale, politique et affective de la France de ces trois dernières décennies. Roman d’apprentissage, chronique générationnelle : François Roux réussit le pari de mêler l’intime à l’actualité d’une époque, dont il restitue le climat avec une sagacité et une justesse percutantes.

Couverture de L'arbre du pays Toraja
« Qu’est-ce que c’est les vivants ? À première vue, tout n’est qu’évidence. Être avec les vivants. Être dans la vie. Mais qu’est-ce que cela signifie, profondément, être vivant ? Quand je respire et marche, quand je mange, quand je rêve, suis- je pleinement vivant ? Quand je sens la chaleur douce d’Elena, suis-je davantage vivant ? Quel est le plus haut degré du vivant ? »
Un cinéaste au mitan de sa vie perd son meilleur ami et réfléchit sur la part que la mort occupe dans notre existence. Entre deux femmes magnifiques, entre le présent et le passé, dans la mémoire des visages aimés et la lumière des rencontres inattendues, L’Arbre du pays Toraja célèbre les promesses de la vie.

Couverture de Celle que vous croyez
Vous vous appelez Claire, vous avez quarante-huit ans, vous êtes professeur, divorcée. Pour surveiller Jo, votre amant volage, vous créez un faux profil Facebook : vous devenez une jeune femme brune de vingt-quatre ans, célibataire, et cette photo où vous êtes si belle n’est pas la vôtre, hélas. C’est pourtant de ce double fictif que Christophe – pseudo KissChris – va tomber amoureux. 
En un vertigineux jeu de miroirs entre réel et virtuel, Camille Laurens raconte les dangereuses liaisons d’une femme qui ne veut pas renoncer au désir.

Couverture de Laisse parler les morts
« Si vous lisez cette lettre, c'est que je suis mort. »
Incapable de détourner les yeux de la feuille qu’elle tient entre ses mains tremblantes, le docteur Samantha Owens peine à respirer. Ainsi, le dénommé Timothy Savage avait tout prévu : son meurtre imminent, une liste de suspects, et même de l’argent pour l’inciter elle, la médecin légiste, à résoudre le mystère de sa mort. Pourquoi ce parfait inconnu a-t-il fait appel à ses services ? D’après l’avocat qui s’occupe du testament de Savage, la mort de celui-ci a été classée comme un suicide, car il était considéré comme fou. Mais pourquoi aucune autopsie n’a-t-elle été réalisée ? Et que signifient ces étranges tatouages, qui recouvrent le corps du défunt ? Même si cette enquête menace de bouleverser le fragile équilibre de sa vie, Samantha le sait : elle ne peut prendre le risque de laisser un crime impuni. Et, lorsque l’avocat est retrouvé assassiné, elle le comprend aussitôt : elle pourrait bien être la prochaine sur la liste…

Couverture de À la table des hommes
Son obscure naissance, à la croisée du monde animal et de l'humain, au cœur d'une forêt en pleine guerre civile, a fait de lui un enfant sauvage qui ne connaît rien des conduites humaines. S’il découvre peu à peu leur complexité, à commencer par celle de la langue, il continue de garder un lien intime et pénétrant avec la nature et l’espèce animale.
Roman sombre et envoûtant, À la table des hommes tient autant du fabuleux que du réalisme le plus contemporain. Hanté par la violence prédatrice des hommes, le nouveau roman de Sylvie Germain interroge la barbarie dans une écriture d’une grande sensualité où l'importance des corps ainsi que la diversité et l'intensité des émotions soulèvent une question essentielle : qu’est-ce qu’un être humain? 

Couverture de Femme au foyer
Anna était une bonne épouse. La plupart du temps.
Anna, une Américaine de trente-sept ans, est une épouse apparemment parfaite. Son mari suisse travaille dans une banque d'affaires et elle s est installée avec lui dans une riche banlieue de Zurich où elle élève ses trois enfants. Cependant, malgré les apparences d'une vie confortable, Anna, coupée de ses racines, s'ennuie dans cette Suisse si différente de son pays. Incapable de communiquer avec un mari de plus en plus distant, elle se tourne vers la psychanalyse, et se surprend à chercher un épanouissement sexuel avec d'autres hommes. Mais mettre fin à ces relations devient de plus en plus difficile et elle commence à perdre le contrôle. Au moment où la frontière entre passion et moralité s'estompe, Anna découvre qu il n y a pas de retour possible.
Intime, intense, écrit avec le tranchant d'un couteau suisse, le roman de Jill Alexander Essbaum dissèque le mariage et interroge la sexualité.
"Après Madame Bovary et Anna Karénine, Essbaum montre qu on n'en a toujours pas fini avec les histoires de « bonnes épouses ». Magistral." - Publishers Weekly

Couverture de Les petites filles
À Mou di en Chine, la politique de l'enfant unique a fait des ravages. Alors qui s’inquiéterait de la disparition d'une nouvelle fillette ? Quand Lina accepte de mener dans le village une enquête discrète pour le compte d'une ONG, le piège se referme sur la jeune française.
Mené de main de maître par Julie Ewa, ce suspense formidablement documenté nous conduit au cœur d'une Chine cynique et corrompue où la vie d'une petite fille ne vaut que parce qu'elle peut rapporter.

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