Chroniques coup de coeur


29 août 2016

Les sorties littéraires du 29 août au 04 septembre 2016

"Le seul moyen de se délivrer de la tentation, c'est d'y céder" (Oscar Wilde)
BONNES LECTURES !!!

Il y a des vagues qui viennent bousculer pour toujours les eaux calmes de la vie. Celle de Luna, une petite albinos, aux yeux si clairs qu'elle ne peut voir le réel ; celle de son frère Luca, grand surfeur, qui sillonne les vagues et traîne tous les cœurs derrière lui ; celle de leur mère qui pense que l'amour n'existe plus ; celle d'un mystérieux enfant arrivé de Tchernobyl qui parle un italien suranné. Et celles de tant d'autres personnages qui sont au cœur de ce roman débordant d'histoires pleines d'une grâce amère et tendre. 

CARRISI se réinvente dans un thriller unique sur le pouvoir des médias. Une jeune femme est enlevée dans un paisible petit village des Alpes. Le coupable est introuvable, et voilà que la star des commissaires de police, Vogel, est envoyé sur place. De tous les plateaux télé, il ne se déplace jamais sans sa horde de caméras et de flashs. Sur place, cependant, il comprend vite qu’il ne parviendra pas à résoudre l’affaire, et pour ne pas perdre la face aux yeux du public qui suit chacun de ses faits et gestes, il décide de créer son coupable idéal et accuse, grâce à des preuves falsifiées, le plus innocent des habitants du village : le professeur d’école adoré de tous. L’homme perd tout du jour au lendemain (métier, femme et enfants, honneur), mais de sa cellule, il prépare minutieusement sa revanche, et la chute médiatique de Vogel.

   
« Je suis sorti de la maison au petit matin, j’ai marché à grands pas sous les platanes du cours Mirabeau, sans pouvoir m’empêcher de sourire. Une chose m’apparaissait sûre et certaine : je n’étais plus le même. Je venais de passer la nuit dans le lit d’une femme, à l’embrasser, la serrer, la baiser, car si cette nuit n’avait pas été celle de l’accomplissement de l’acte sexuel, elle n’en avait pas moins été une nuit d’amour, entière, complète, jusqu’au petit matin frisquet, le reste n’était qu’une question de vocabulaire : est-ce que nous avions fait l’amour ? C’est ce qu’il me semblait puisque j’étais amoureux. » Christophe entre dans les années soixante-dix et dans l’adolescence bercé par les idées révolutionnaires de ses parents divorcés, entre qui il va et vient, et la découverte angoissante d’une sexualité dévorante, obsessionnelle. De Paris à Saint-Tropez en passant par la Tunisie, l’adulte qu’il est devenu égraine les souvenirs d’une jeunesse douce-amère à travers le prisme de ses aventures sexuelles. De brefs chapitres qui sont autant de souvenirs, paysages, odeurs, mêlent la voix de l’enfant précoce et de l’auteur qui, quarante ans plus tard, observe avec tendresse et cruauté ce Christophe d’une autre époque. L’école, la famille, la révolution, les vacances, la mer. Autant d’éléments de décor aux scènes que se remémore Donner avec ce court récit, très intime, qui montre le film irréalisable de sa vie, entre 13 et 15 ans, quand l’amour s’apprenait dans les tourments du sexe. Un récit effronté, émouvant, drôle, cinématographique : Visconti croisant Pialat. 

Les secrets finissent toujours par être dévoilés. Et toujours quelqu un doit payer... Jane, mère célibataire, vient d emménager à Sydney avec son petit garçon et un secret qui est le sien depuis cinq ans. Le jour de la rentrée scolaire, elle rencontre Madeline, un personnage haut en couleur avec lequel il faut compter (elle se souvient de tout et ne pardonne jamais) et Céleste, une femme à la beauté époustouflante mais qui, paradoxalement, est toujours mal à l' aise. Elles prennent toutes deux Jane sous leur aile, en faisant attention de dissimuler leurs propres secrets. Cependant, quand un simple incident impliquant les enfants de chacune des trois femmes survient à l'école, les choses s'enveniment : les commérages vont bon train, les rumeurs empoisonnées se propagent jusqu'au point où il est impossible de démêler le vrai du faux.

Après La Nuit de feu, Eric-Emmanuel Schmitt poursuit son exploration des mystères spirituels dans un roman troublant, entre suspense et philosophie. Tout commence par un attentat à la sortie d’une messe. Le narrateur était là. Il a tout vu. Et davantage encore. Il possède un don unique : voir à travers les visages et percevoir autour de chacun les êtres minuscules – souvenirs, anges ou démons – qui le motivent ou le hantent. Est-ce un fou ? Un sage qui déchiffre la folie des autres ? Son investigation sur la violence et le sacré va l’amener à la rencontre dont nous rêvons tous… 

Qui est Marthe Bonnard ? Toujours jeune, souvent nue, on la voit sur les toiles des plus beaux musées du monde, pourtant elle reste mystérieuse. Elle se dissimule dans la lumière du peintre Pierre Bonnard, avec qui elle partage sa vie entre 1893 et 1942. Durant cette période, le couple voyage beaucoup, au rythme de la santé fragile de Marthe, et noue des amitiés dans le monde de l’art – Monet, Vuillard, Signac, Matisse... Derrière les couleurs, le « peintre du bonheur » cache ses fantômes et ceux de sa femme. Ensemble ils n’auront pas d’enfant, mais ils feront une oeuvre. À la mort de Pierre, veuf depuis cinq ans, leur histoire d’amour déclenchera une affaire judiciaire retentissante, émaillée de divers rebondissements. Car l’orpheline qui se disait être Marthe de Méligny avait une famille et un autre nom.

   
« Tout le monde riait. Les Manoscrivi riaient. C’est l’image d’eux qui est restée. Jean-Lino, en chemise parme, avec ses nouvelles lunettes jaunes semi-rondes, debout derrière le canapé, empourpré par le champagne ou par l’excitation d’être en société, toutes dents exposées. Lydie, assise en dessous, jupe déployée de part et d’autre, visage penché vers la gauche et riant aux éclats. Riant sans doute du dernier rire de sa vie. Un rire que je scrute à l’infini. Un rire sans malice, sans coquetterie, que j’entends encore résonner avec son fond bêta, un rire que rien ne menace, qui ne devine rien, ne sait rien. Nous ne sommes pas prévenus de l’irrémédiable. »

   
Alex a choisi d'exercer un métier peu commun : bibliothérapeute. Il tente de soulager les maux de ses patients grâce à la littérature. Parmi eux, Yann, un adolescent malmené à l'école, qui refuse de s'ouvrir au monde, le cynique Robert Chapman, étouffé par son travail, qui a oublié comment parler à sa femme et Anthony Polstra, le célèbre joueur de foot qui refuse de s'avouer certaines de ses passions. Mais si Alex se montre doué dans sa profession, il doit bien reconnaître que sa vie privée laisse à désirer... La littérature pourra-t-elle aider le bibliothérapeute lui-même ? La clef du bonheur se trouve-t-elle entre les lignes des ouvrages qu'il a tant aimés ? En convoquant les auteurs qui ont copté, Michaël Uras propose sous une plume vive et légère, une histoire revigorante et moderne qui rend hommage aux mots, ceux des autres, ou ceux que chante notre petite musique intérieure. 

Le corps d’une femme repêché dans une rivière à la fonte des neiges au nord de la Suède. Une procureure au sommeil hanté par la vision d’une silhouette accusatrice. Des rumeurs concernant la mystérieuse disparition en 1943 d’un avion allemand au-dessus de la région de Kiruna. Une population locale qui préfère ne pas se souvenir de sa collaboration avec les Nazis durant la guerre. Sur les rives battues par le vent d’un lac gelé rôde un tueur prêt à tout pour que le passé reste enterré sous un demi-siècle de neige et de glace… Un thriller psychologique complexe et plein de rebondissements. La nouvelle enquête de Rebecka Martinsson.

   
Deux frères, Peter et Michael, différents en tout point. Dès l'enfance, ils se haïssent. L'un est bon, l'autre mauvais. L'un fuit sa famille et quitte la région pour travailler dans la finance, l'autre s'établit dans sa ville natale en tant que médecin et devient un citoyen apprécié et respecté de tous. Vingt ans plus tard, le fils prodigue revient. Contre toute attente, les relations fraternelles semblent s'être apaisées... jusqu'à ce qu'une série de décès, qui paraissaient naturels au départ, touche la ville et ses alentours. Et si l'un des frères était lié à l'affaire ?

   
Pour Sara, marchande d’art chez Perfect Touch, la Muse représente bien plus que l’unique portrait peint par le célèbre Custer. C’est un défi, une quête, l’œuvre qui donnera à sa carrière l’élan dont elle a besoin. Encore faut-il mettre la main dessus… Pour cela, elle est prête à tout. Et même à délaisser son cher San Francisco pour un ranch perdu au fin fond du Wyoming. Car c’est là-bas qu’a vécu Custer, au milieu des montagnes majestueuses et des prés verdoyants. C’est là-bas que l’a invitée Jay Vermilion, l’héritier du peintre, un homme aussi sexy que différent d’elle. Seulement voilà, arrivée sur place, Sara comprend qu’elle est loin d’être la seule à s’intéresser au tableau. Tandis que Jay subit de fortes pressions de la part de sa belle-mère qui tente de lui ravir son héritage, un couple est retrouvé assassiné au ranch Vermilion. Le prélude à une série de menaces qui s’abattent bientôt avec violence sur Sara et son troublant cow-boy… 

Sous ses apparences d'ours mal léché, Cesare Annunziata, a un coeur d'or. Mais à 77 ans, la solitude le ronge et ce ne sont pas les relations qu'il entretient avec ses proches qui le comblent. Alors, quand Cesare comprend que sa nouvelle voisine vit un enfer, il va de nouveau oser affronter le monde. Généreux tout en se gardant bien des clichés, un roman intime, tendre et profond sur la solitude, les liens familiaux et la vieillesse. À Naples, de nos jours Cesare Annunziata a 77 ans, et sa vie n'est pas ce qu'il aurait voulu qu'elle soit. Il n'a jamais vraiment réussi à aimer sa femme, les relations avec sa fille, Sveva, sont très compliquées, et son fils, Dante, n'ose pas lui présenter son compagnon. Alors, tant pis, il décide de profiter un tant soit peu de l'existence en buvant, mangeant et fumant comme il lui plaît. Peu importe les reproches de Sveva. Il continue même à voir cette chère Rossana, officiellement infirmière, mais qui, en réalité, vend ce qui lui reste de charmes. Un soir, le silence de son appartement est brisé par une très violente scène de ménage. Et Cesare ne tarde pas à comprendre que sa voisine, la belle Emma, se fait battre par son mari. La nouvelle fait vite le tour de l'immeuble. Aidé de ses deux compères du troisième âge, Madame Vitaglino, collectionneuse de chats, et, Marino, solitaire endurci, Cesare décide de secourir la jeune femme. Après avoir échafaudé les plans les plus rocambolesques, c'est finalement en se liant d'amitié avec Emma qu'il va tenter de la sortir des griffes de son époux. Un petit dîner en tête à tête, de délicates attentions, un sourire réconfortant... Chamboulé par la douceur de la jeune femme, le vieillard s'apaise peu à peu : à 77 ans, finalement, n'est-il pas temps de se délecter des belles choses de la vie et de faire, enfin, la paix avec ceux qu'on aime ? 

Roman de la vie contemporaine, Journée exceptionnelle du déclin de Samuel Cramer est aussi, et peut-être surtout, un roman d'amour, amour des femmes, de la poésie, de la vie dont il faut toujours être ivre. Un roman d'amour fou. Lui, c'est Samuel Cramer, l'Amiral, l'homme des grands voyages horizontaux et verticaux, l'écrivain qui aime quand « ça a de la gueule », l'observateur de son époque, de sa ville et de ses contemporains, l'homme difficile et attachant. Elles, ce sont ses femmes, celles qu'il aime, celles qu'il déteste, celles dont il rêve et qui n'existent pas. Eux, ce sont ses amis, ses voisins, ses poisons, Michel Houellebecq, Sibelius, Rimbaud, Duras, Melville, Hölderlin, l'alcool, l'ennui, l'espoir et le désespoir, la provocation, la honte, l'ironie, le bavardage et tout ce qu'il ne saura jamais dire. Ce matin-là, Samuel Cramer commence une journée qu'il espère exceptionnelle. Ce soir, il est invité à la remise d'un célèbre prix littéraire. Il est sur la liste et ne peut s'empêcher d'y croire. Mais la surprise du petit déjeuner, c'est que sa femme, son amour, sa muse, le quitte. Commence alors une drôle de journée catastrophique... Il y a du Baudelaire dans ce Samuel Cramer (qui porte le nom du héros de La Fanfarlo du même Charles) et, dans cette journée « exceptionnelle », comme un parfum de Fleurs du mal.

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