Chroniques coup de coeur


10 nov. 2015

L'ombre au tableau (♥♥♥) écrit par Susan Hill - Éditions L'Archipel

Titre: L'ombre au tableau
Auteur: Susan Hill
Genre: Suspense
Nombre de pages: 160
Date de sortie: 14/10/2015
Prix support papier: 14€95
Prix format numérique: 10€99
ISBN: 9782809817614
Editions: L'archipel
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Synopsis:
Dans l’appartement du vieux professeur d’Oliver, étudiant à Cambridge, on peut admirer un tableau représentant un groupe de Vénitiens masqués faisant la fête pendant le carnaval.
Au cours d’une froide nuit d’hiver, le vieux professeur décide de révéler à son étudiant l’étrange secret de cette peinture envoûtante, qui possède le mystérieux pouvoir de capturer la vie…
Le contempler trop longtemps, c’est jouer avec le feu. Défier les démons invisibles qui s’y cachent, c’est risquer de devenir la prochaine victime de la toile…
Oliver parviendra-t-il à ne pas succomber aux charmes macabres du tableau ?



Mon avis:
Un grand merci aux Éditions L'Archipel pour cette lecture ainsi qu'à l'agence LP Conseils pour leur confiance.

Ma notation:

Vous l'avez lu ? Notez-le:

Informations:
Ce roman contient 9 chapitres. La police d'écriture est grande, c'est un livre qui se lit très rapidement.

Mes ressentis:
Imaginez un tableau vénitien énigmatique où les protagonistes masqués et faisant la fête lors d'un carnaval bougent sensiblement et vous toisent d'un regard perçant et profond.
Ce tableau si mystérieux se trouve dans le bureau d'un vieux professeur de Cambridge. L'homme, complètement obnubilé par sa toile décide de raconter l'histoire de son acquisition à l'un de ses étudiants.
Quel danger rôde dans cette toile et qu'arrive-t-il aux personnes qui la croisent ?
Vous verrez que mieux vaut ignorer ce drôle de tableau et ne jamais poser les yeux dessus...

Vous connaissez certainement Suzanne Hill pour son roman La dame en noir qui a été adapté au cinéma il y a de cela quelques années avec dans le rôle principal Daniel Radcliffe, notre cher et inoubliable Harry Potter. J'avais beaucoup aimé ce roman sombre qui ne m'avait pas laissée indifférente et m'avait hérissé les poils des bras comme jamais.
J'avais très envie de retrouver la plume de l'auteure, de frissonner au fil de ses mots, de découvrir des personnages marquants et une histoire remplie de suspense. Une partie de mes attentes a été comblée puisque j'ai beaucoup aimé ce mystérieux récit ainsi que les personnages, en revanche j'attends toujours les frissons.
J'aurais vraiment aimé que cette histoire à mi-chemin entre un roman et une nouvelle m'embarque dans quelque chose de fort, me fasse frémir et trembler de terreur. J'avais très envie d'être dans une atmosphère similaire à La dame en noir.
Le livre fait un peu plus de 150 pages, c'est donc un roman qui se lit très rapidement surtout que la police d'écriture est très grande. Une petite journée suffit largement pour le lire.
Bon, vous l'avez compris, je n'ai pas eu peur et cela restera ma plus grande frustration, mais j'ai tout de même passé un très bon moment. J'ai voyagé jusqu'à Venise, j'ai grandement apprécié les descriptions faites sur cette jolie ville, l'auteure a été généreuse sur les détails et j'ai presque eu l'impression d'y être.
En bref, un roman qui m'a fait passer un agréable moment de lecture, pas inoubliable, mais appréciable. Suzanne Hill est très forte pour insérer à ses histoires un suspense fort et haletant.
L'ombre au tableau est une chouette lecture que je vous recommande si vous aimez l'univers de cette auteure.







Extrait:
Cette histoire m’a été rapportée par mon ancien tuteur de Cambridge, Theo Parmitter, par une soirée glaciale de janvier que nous avions passée au coin du feu dans son logement universitaire. C’était du temps où l’on avait encore de vraies cheminées que les domestiques alimentaient au moyen d’énormes seaux de charbon. J’avais fait le voyage depuis Londres pour rendre visite à mon vieil ami, maintenant octogénaire, qui avait toujours bon pied bon œil malgré cette arthrite aiguë qui le cloîtrait quasiment chez lui. L’université le choyait. Il faisait partie d’une espèce en voie d’extinction, celle du vieux professeur de Cambridge pour qui le Collège était sa seule famille. Voilà plus de cinquante ans qu’il vivait dans ce meublé propret, et il entendait y rester jusqu’à son dernier souffle. En attendant, nous étions nombreux parmi ses anciens étudiants à mettre un point d’honneur à lui rendre visite régulièrement pour lui donner des nouvelles du monde extérieur. Car ce monde, il l’aimait. Il adorait apprendre qui avait obtenu tel poste, s’informer des succès des uns et des autres, savoir qui était pressenti pour telle ou telle fonction prestigieuse ou au contraire impliqué dans
quelque scandale. J’avais fait de mon mieux pour lui être d’une agréable compagnie une grande partie de l’après-midi ainsi que pendant le dîner, qui nous avait été servi dans ses appartements privés. Il était prévu que j’y passe la nuit. Je rendrais ensuite visite à une ou deux autres connaissances puis retournerais rapidement sur mes lieux fétiches du campus avant de repartir le lendemain pour Londres. Mais n’allez pas imaginer qu’il s’agissait là d’une visite de courtoisie à un vieil homme dont il ne fallait rien espérer en retour. Bien au contraire. L’esprit vif et caustique, source inépuisable d’anecdotes qui n’étaient pas les simples divagations d’un vieillard, Theo était d’une compagnie extraordinaire et il excellait dans l’art de la conversation : tout le monde se battait, même les plus jeunes professeurs, pour être placé à ses côtés lors des dîners au Collège. C’était la dernière semaine des vacances et le campus était calme. Après avoir bu une bonne bouteille de bordeaux, nous nous étions confortablement installés dans nos fauteuils près du feu. Un vent d’hiver en provenance des Fens soufflait en rafales et la grêle venait parfois cingler les vitres.
Notre discussion s’essoufflait quelque peu depuis une heure environ. J’avais épuisé mes réserves de nouvelles, nous avions refait le monde et notre conversation s’émoussait. Goûtant la douce quiétude qui baignait la pièce à la faveur des deux lampes, j’avais pensé que Theo s’était assoupi.
C’est alors qu’il me demanda :
— Que diriez-vous d’entendre une étrange histoire ?
— Avec plaisir.
— Une histoire étrange autant que troublante.
Je le vis remuer dans son fauteuil. Il avait beau ne jamais s’en plaindre, je soupçonnais son arthrite de lui causer des douleurs intolérables.
— Une histoire parfaite pour une soirée comme celle-ci, reprit-il.
Je me tournai vers lui. Pris dans les rais de lumière du feu de cheminée, son visage affichait un tel sérieux – à la limite du morbide – que j’en fus saisi d’effroi.
— Croyez-moi si vous le voulez, Oliver, me dit-il sur un ton calme, mais je vous assure que cette histoire est véridique. (Il se pencha vers moi.) Avant que je commence, auriez-vous la bonté d’aller nous chercher le fl acon de whisky ?
Tandis que je me levais pour rejoindre la desserte à liqueurs, Theo poursuivit :
— Cette histoire concerne le tableau qui se trouve à votre gauche. Est-ce que vous vous en
souvenez ?
Il pointait du doigt une étroite portion de mur située entre deux étagères de livres, plongée dans l’obscurité. Theo avait depuis longtemps acquis une réputation de collectionneur d’art avisé, possédant quelques pièces de valeur – dessins de maîtres et aquarelles du xviiie siècle  – toutes acquises dans sa jeunesse, m’avait-il un jour confié, pour des sommes modiques. Je ne connaissais pas grand-chose à la peinture et ne partageais pas vraiment ses goûts. Je me dirigeai néanmoins vers le tableau qu’il m’indiquait.
— Allumez la lampe qui se trouve à côté.
Bien qu’il se fût agi d’une peinture à l’huile plutôt sombre, j’en distinguais maintenant assez bien les détails. C’était une scène de carnaval à Venise. Sur un quai du Grand Canal et sur la place adjacente, une foule épaisse arborant masques et capes se mêlait aux amuseurs publics – jongleurs, acrobates et musiciens –, tandis qu’une nuée de plus en plus nombreuse embarquait sur les gondoles. D’autres embarcations étaient déjà à flot, collées les unes aux autres, obligeant les gondoliers à faire s’entrechoquer leurs perches.
Le tableau rappelait ces scènes que des torches éclairent d’une lueur mystérieuse, illuminant les visages, quelques pans de vêtements aux teintes vives, ainsi que les ondulations argentées de la surface de l’eau, tout en laissant d’autres parties de la composition dans l’obscurité la plus totale.
J’y décelais certes quelques artifices, mais l’œuvre témoignait tout de même d’un talent confirmé – tout du moins à mes yeux de profane. J’éteignis la lampe et le tableau fut à nouveau plongé dans le noir, tout comme ses personnages costumés plutôt sinistres.
— Je ne me rappelle pas l’avoir jamais remarqué, observai-je en me servant un whisky. Vous l’avez depuis longtemps ?
— Plus longtemps que je n’en ai le droit, répondit Theo en s’enfonçant à nouveau dans son fauteuil, de telle sorte qu’il se retrouvait lui aussi dans l’ombre. Je serais soulagé de raconter cette histoire. Je ne l’ai jamais fait jusqu’ici et elle m’est devenue un fardeau. Verriez-vous un inconvénient à partager cette charge avec moi ?
Je ne l’avais jamais entendu me parler avec un tel sérieux et n’hésitai pas une seule seconde avant de lui dire que j’étais prêt à accéder à la moindre de ses requêtes. J’étais cependant loin de m’imaginer ce qu’allait me coûter, selon ses propres mots, le fait de « partager cette charge avec lui ».

Parlons de l'auteur:
Susan Hill
Née en 1942 en Angleterre, Susan Hill est romancière, écrivain pour enfants, auteur dramatique et journaliste. Ses romans les plus célèbres sont Je suis le seigneur du château (prix Somerset-Maugham 1971) et La Dame en noir (1983), publiés en France en 2012 aux éditions de l’Archipel. Elle s’est imposée dans le monde du polar avec les enquêtes de Simon Serrailler (Robert Laffont et Pocket).

Bibliographie:
♦Meurtres à Lafferton
♦Où rodent les hommes
♦Au risque des ténèbres
♦La mort a ses habitudes 
♦Des ombres dans la rue 
♦Ce sera ton dernier instant
♦Je suis le seigneur du château
♦L'oiseau de nuit
♦L'ombre au tableau
♦La Dame en noir
♦La main de la nuit
♦La Malédiction de Manderley

Quelques liens indispensables:

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