Chroniques coup de coeur


17 févr. 2016

Autobiographie d'une courgette (♥♥♥) écrit par Gilles Paris - Éditions Piment

Titre: Autobiographie d'une courgette
Auteur: Gilles Paris
Genre: Contemporain
Nombre de pages: 280
Date de sortie: 12/04/2013 (Flammarion)
Prix support papier: 4€90
Prix format numérique: /
ISBN: 978-2081289758
Editions: France Loisirs (collection Piment)
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Synopsis:
"Depuis tout petit, je veux tuer le ciel". Ainsi commence l'histoire racontée par Icare, un petit garçon naïf et inculte, surnommé Courgette, qui, à neuf ans, vit à la campagne avec sa mère. Depuis son accident, la mère de Courgette ne travaille plus à l'usine et boit des bières en regardant la télévision du matin au soir. Elle s'occupe peu de son fils qui n'apprend rien à l'école et joue seul pour la plupart du temps. Les rares dialogues échangés passent par la télévision, source d'inspiration de Courgette qui ne connaît la vie qu'à travers le petit écran. Un jour, Courgette découvre un revolver et tue accidentellement sa mère. Le juge le déclare "incapable mineur" et Courgette est envoyé dans une maison d'accueil. Mais pour Courgette, contrairement aux autres enfants, la maison d'accueil est loin d'être "une prison". L'apprentissage d'une vie passe désormais par les Fontaines et tous les rêves de Courgette deviennent possibles.



Mon avis:
Un joli petit roman à découvrir.

Ma notation:

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Informations:
Des chapitres courts non numérotés.

Mes ressentis:
Courgette, de son vrai prénom Icare, vit seul avec sa maman depuis que son papa est parti faire le tour du monde avec une poule. Les journées d'Icare ne sont pas toujours très rigolotes, du haut de ses 9 ans, notre petit narrateur doit veiller sur sa mère qui est très souvent ivre, ranger les bouteilles de bière qui traînent près de la télé (objet vénéré par cette dernière) et monter bien vite au grenier afin d'éviter de prendre des coups. Jusqu'au jour où il trouve un revolver et tue sa maman par inadvertance alors qu'il voulait "tuer le ciel". Placé dans un foyer, Courgette nous raconte ses journées, ses rencontres, son amour pour Camille et sa vision de la vie avec ses mots d'enfant.
Un récit touchant, mignon et intergénérationnel qui ne peut que plaire aux jeunes lecteurs comme aux plus grands.
C'est le deuxième roman de Gilles Paris que je lis et dans ces deux lectures le personnage principal est à chaque fois un enfant. Si dans L'été des lucioles, j'avais trouvé que la patte de l'auteur était très personnelle, dans Autobiographie d'une Courgette, j'ai clairement trouvé un petit quelque chose du Petit Nicolas, pas dans l'histoire, mais dans la façon dont le texte est écrit. C'est un récit fluide qui se lit extrêmement vite et durant notre lecture, un attachement particulier avec le personnage de Courgette se crée.
J'ai aussi beaucoup aimé Raymond, le policier, qui découvre le corps de la mère de Courgette et qui prend, de suite, le petit garçon sous son aile. Après l'avoir déposé au foyer, il ne peut s'empêcher de lui rendre régulièrement visite et ainsi concevoir avec lui une relation très particulière. C'est beau et touchant...
En quelques mots, Gilles Paris traite avec beaucoup d'intelligence le sujet de la maltraitance. Nous avons une vision très légère des ressentis de Courgette car c'est un petit garçon naïf et innocent.
L'auteur a aussi mis une bonne dose de poésie dans son histoire, nous pouvons lire de jolies phrases comme, par exemple, celle-ci qui a retenu mon attention : "Des fois, les grandes personnes faudrait les secouer pour faire tomber l'enfant qui dort à l’intérieur." ou "La vie, ça ressemble en pire à tout ce gris du ciel avec ces saloperies de nuages qui pissent que du malheur. ", et aussi "Les adultes, des fois, ça dit des trucs stupides à cause de la peur qui leur dévore le cœur. Ils feraient mieux d'écouter le silence."
Comment ne pas tomber sous le charme de ce joli livre ?
Autobiographie d'une Courgette ce n'est pas juste un titre et une couverture, c'est aussi un récit bourré d'une grande émotion, tendre et plein d'humour qui saura vous faire sourire et vous toucher.
À mettre entre toutes les mains !








Extrait:
1
Depuis tout petit, je veux tuer le ciel à cause de maman qui me dit souvent :
«Le ciel, ma Courgette, c'est grand pour nous rappeler qu'on n'est pas grand-chose dessous.»
«La vie, ça ressemble en pire à tout ce gris du ciel avec ces saloperies de nuages qui pissent que du malheur.»
«Tous les hommes ont la tête dans les nuages. Qu'ils y restent donc, comme ton abruti de père qui est parti faire le tour du monde avec une poule.»
Des fois, maman dit n'importe quoi.
J'étais trop petit quand mon papa est parti, mais je vois pas pourquoi il aurait emmené une poule au voisin pour faire le tour du monde avec. C'est bête une poule : ça boit la bière que je mélange aux graines et après ça titube jusqu'au mur avant de s'écrouler par terre.
Et c'est pas sa faute si maman raconte des bêtises pareilles. C'est à cause de toutes ces bières qu'elle boit en regardant la télé.
Et elle râle après le ciel et elle me tape dessus alors que j'ai même pas fait de bêtises.
Et je finis par me dire que le ciel et les coups ça va ensemble.
Si je tue le ciel, ça va calmer maman et je pourrai regarder tranquille la télé sans me prendre la raclée du siècle.

2

Aujourd'hui, c'est mercredi.
La maîtresse dit que «c'est le dimanche des enfants».
Moi, je préfère aller à l'école. Maman regarde la télé et j'ai envie de jouer aux billes avec Grégory, mais Grégory habite loin et il peut plus dormir à la maison depuis que nos mamans se sont disputées à cause du ballon et de la fenêtre cassée. Maman a dit dans le téléphone que Grégory était «un vaurien» avant de raccrocher sur un «sale pute» à cause de la dame qui gueulait «c'est toujours mieux qu'une alcoolique».
Je dis à maman «viens jouer avec moi aux billes» et maman dit à la télé «attention, il est derrière toi, il va te tuer» alors j'insiste et maman parle à la télé «il est vraiment con celui-là» et je sais pas si le con c'est moi ou le monsieur qui vient de se faire buter alors que maman l'a prévenu.
Je monte dans ma chambre et je regarde par la fenêtre le fils au voisin qui n'a jamais besoin de personne pour s'amuser. Il grimpe sur un cochon comme si c'était un âne et il rigole tout seul. Moi, je suis triste, alors je vais dans la chambre à ma mère avec le lit pas fait et les habits par terre et je fais son lit et j'ai besoin d'une chaise pour poser ses affaires sur la montagne du panier à linge sale et après je sais plus quoi faire alors je fouille et dans un tiroir de la commode, sous la pile de chemises pas repassées, je trouve un revolver.
Je suis super content, je me dis «je vais aller jouer avec dans le jardin». Je sors, l'air de rien, avec le revolver caché dans mon pantalon.
De toute façon, maman me regarde pas, elle dit à la télé «cette fille-là, elle est pas pour toi mon gars !».
Une fois dehors, j'ai pas à viser. C'est grand le ciel.
Je tire une fois et je tombe par terre.
Je me relève et je tire une deuxième fois et je retombe.
Un mot de l'auteur

Parlons de l'auteur:
Né à Suresnes en 1959, Gilles Paris travaille depuis plus de vingt ans dans le monde de la communication et de l’événementiel. Il a publié son premier roman, Papa et maman sont morts, en 1991, puis Autobiographie d’une Courgette en 2002. Au pays des kangourous, paru en 2012, a remporté de nombreux prix littéraires, notamment le Prix cœur de France, le Prix roman de la ville d’Aumale, le Prix des lecteurs de la bibliothèque Goncourt, le Prix Folire et en 2013 le Prix plume d’or.
Son site
Sa page Facebook

Bibliographie:
L'été des lucioles → Editions Héloïse D'Ormesson (2014) ← Ma chronique
♦Au pays des kangourous → Editions J'ai Lu (2014)
Autobiographie d'une courgette → Editions Flammarion (2013) ← Ma chronique
♦Papa et maman sont morts → Editions Points (2012)

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